4 - ANATOMIE
ET
PHYSIOLOGIE
L'organisation
interne des viscères du chat - organes contenus dans les grandes cavités du
corps (estomac, foie, cœur, poumons, reins, utérus...) - est comparable à
celle des autres mammifères, et donc aussi à celle de l'homme. Passant de la
simple description anatomique de ces organes à l'examen de leur fonctionnement
en systèmes ou appareils - digestif, cardio-respiratoire, uro-génital... -, on
constate cependant des particularités qui sont propres à notre petit ami félin
et qu'il importe de bien connaître pour mieux tenir compte de ses besoins.
Les
fonctions organiques, par lesquelles la vie se manifeste et se maintient sous sa
forme individuelle, constituent l'objet d'une étude de la physiologie. Dans le
cas du fonctionnement de l'organisme du chat, la physiologie féline nous révèle
ou nous confirme, le fondement de certains de ses comportements: notamment, que
son appareil digestif est typique d'un prédateur carnivore et que son appareil
cardio-respiratoire, particulièrement adapté aux efforts brefs et violents,
est celui d'un athlète.
L' APPAREIL
DIGESTIF
Le
tube digestif est un vaste conduit qui, tout au long de son parcours, modifie et
assimile certains constituants du bol alimentaire. Son anatomie dépend étroitement
du régime alimentaire. Chez le chat, l'appareil digestif, et d'abord la bouche
qui en constitue le point de départ, présente toutes les particularités spécifiques
aux carnivores : dentition impressionnante adaptée à la prédation, faible
longueur de l'intestin, et glandes annexes (foie, pancréas) développées.
La
langue possède des papilles cornées à la pointe, la rendant râpeuse au
toucher, mais qui sont bien utiles pour lisser le pelage. Les aliments, à peine
mastiqués et enduits d'une salive riche en mucus, sont orientés vers le
pharynx, carrefour des voies respiratoires et digestives et organe de la déglutition.
À ce niveau naît véritablement le tube digestif par l'oesophage
qui transporte, sans les transformer, les aliments jusqu'à l'estomac.
L'oesophage (de 15 à 20 cm selon les chats) chemine derrière la trachée
dans l'encolure avant de traverser toute la cage thoracique. La jonction, située
juste en arrière du diaphragme, entre oesophage et estomac, s'appelle le cardia.
L'estomac, dont la position et la taille varient en fonction des quantités
d'aliments ingérées, est très dilatable (jusqu'à un demi-litre) et
parfaitement adapté aux repas rares mais copieux qui sont souvent réservés
aux prédateurs. Néanmoins, son extrémité terminale, le pylore, est fixe dans
le creux du flanc droit.
La
muqueuse de l'estomac sécrète, sur toute sa surface, le suc gastrique, très
acide et contenant la pepsine: puissante enzyme qui participe à la digestion
des protéines. Une couche de mucus protège la muqueuse de l'estomac de sa
propre sécrétion, qui est pourtant assez agressive pour commencer à digérer
des aliments volumineux et à peine mastiqués. Les plumes et les poils des
proies avalées sont en général régurgités par vomissement.
L'estomac,
en se contractant régulièrement (4 à 5 fois par minute après un repas), évacue
son contenu vers le pylore et l'intestin
grêle qui y fait suite. Celui-ci est divisé en trois segments d'inégale
longueur mais de diamètre constant : d'abord le duodénum, segment court en
forme de U dont une des branches se situe dans le creux du flanc droit; puis le
jéjunum, segment le plus long occupant l'espace libre laissé dans l'abdomen
par les autres organes; enfin l'iléon, segment court assurant la liaison avec
le gros intestin. Bien que de faible contenance (120 ml), l'intestin grêle a le
rôle le plus important dans la digestion : non seulement il absorbe la plupart
des nutriments, mais il contribue aussi par ses sécrétions à réguler le
transit. Le duodénum est le segment le plus complexe de l'intestin grêle; il
reçoit les canaux cholédoque (bile) et pancréatique et régule les
contractions de l'estomac.
Le
gros intestin, long d'environ 35 cm sur 2 à 3 cm de diamètre
(environ 130 ml de contenance), se divise lui aussi en trois segments: le caecum
(autrefois appelé appendice chez l'homme), le côlon et le rectum. Sous
l'action conjointe de la muqueuse intestinale et de la flore microbienne, très
abondante dans ce segment du tube digestif, le bol alimentaire se transforme, se
déshydrate et prend la forme des fèces expulsées. L'ensemble de l'intestin
est soutenu à la voûte sous-lombaire par des lames conjonctivofibreuses plus
ou moins tendues selon les segments. La durée du transit. est normalement inférieure
à 24 heures, mais varie selon le régime alimentaire. De plus, les aliments
sont digérés presque totalement (un chat adulte rejette moins de 10 g de fèces
par kilo de poids vif et par jour).
Chez
le chat, les glandes dites annexes sont très volumineuses, car elles sécrètent
en quantité importante des lipides dont est riche l'alimentation d'un
carnivore. Le foie est entièrement contenu dans la coupole concave que forme le
diaphragme ; caché par les côtes, il ne peut que très difficilement être
palpé. Pourtant, volumineux, il s'étend jusque sur le côté gauche. Glande
indispensable à la vie, le foie assure détoxification, assimilation et synthèse
d'éléments vitaux et aussi sécrétion de la bile.
Beaucoup
moins volumineux que le foie mais tout aussi vital, le pancréas est, lui, collé
à droite sous la voûte lombaire dans l'anse du duodénum. Les
dysfonctionnements du pancréas, assez fréquents, sont responsables, entre
autres, de l'apparition du diabète. Les deux glandes anales, situées
ventralement et latéralement par rapport à l'anus n'ont, elles, aucun rôle
dans la digestion mais servent, par leur sécrétion très odorifère et caractéristique
de chaque individu, au marquage du territoire à la reconnaissance des chats
entre eux. L'engorgement de ces glandes survient quelquefois dans certains
troubles du comportement.
L' APPAREIL
CARDIO-RESPIRATOIRE
Comme
chez tous les mammifères, il est constitué d'un cœur et de deux poumons. Les
cavités droites du cœur (oreillette et ventricule) reçoivent le sang de
l'ensemble du corps et alimentent les poumons en sang riche en gaz carbonique,
alors que les cavités gauches collectent un sang riche en oxygène provenant
des poumons, qu'elles redistribuent à l'ensemble de l'organisme. Les poumons
occupent la plus grande partie du thorax sans toutefois se projeter sur
l'ensemble de la paroi thoracique. Le poumon droit possède trois lobes bien développés
et un lobe supplémentaire plus réduit (le lobe azygos) qui entoure la veine
cave caudale. Le poumon gauche, lui, possède deux lobes volumineux dont l’un,
le cranial
est lui-même divisé en deux. L'air arrive aux poumons par une trachée qui
chemine depuis le larynx dans la partie ventrale de l'encolure. La trachée fait
environ 10 cm de long sur 1 cm de diamètre et est constituée d'une quarantaine
d'anneaux cartilagineux facilement palpables dans l'encolure.
Le
cœur, globuleux, occupe une position médiane dans la cage thoracique entre la
quatrième et la septième côte. Il est légèrement pivoté sur lui-même ;
ainsi, oreillette et ventricule droits sont plutôt en avant, alors
qu'oreillette et ventricule gauches sont plutôt en arrière. Le ventricule
gauche possède une paroi beaucoup plus épaisse que le droit, car l'expulsion
du sang dans l'ensemble de l'organisme demande plus de puissance et d'énergie
que l'expulsion dans les poumons, très proches. Des valvules séparent
oreillettes et ventricules (valvule mitrale à gauche et tricuspide à droite).
L'ensemble de l'organe est facilement accessible à l'auscultation, sauf lorsque
l'animal ronronne.
La
fréquence moyenne des battements du cœur est de 120 pulsations à la minute,
mais elle peut atteindre plus de 240 (soit 4 par seconde !), lors d'efforts
importants. Ces fréquences dépendent beaucoup de l'âge, de l'état
d'embonpoint et émotionnel de l'animal. La fréquence respiratoire, au repos,
est comprise entre 15 et 20 inspirations par minute. Chez le chat, la
respiration est essentiellement de type abdominal : c'est le diaphragme (muscle
séparant le thorax de l'abdomen) qui assure le rôle actif essentiel lors de la
ventilation. Ce type de respiration est particulièrement adapté aux efforts
brefs et violents car, par des mouvements amples et rapides, il peut apporter
dans un temps record une grande quantité d'oxygène.
L' APPAREIL
URO-GÉNITAL
Les
reins, organes excréteurs, se situent sous les lombes, dans la cavité
abdominale. Ils sont en forme de haricots globuleux et pèsent chacun près de
10 g. Le rein gauche est un peu plus en arrière et décollé de la sous-lombaire
que le rein droit. Sécrétant l'urine, par filtration du sang, le rein assure
le maintien vital des constantes physiologiques (urée,
sels minéraux, eau, etc.). Son dysfonctionnement est très fréquent et
l'insuffisance rénale chronique qui en résulte est certainement la maladie
grave la plus répandue chez le chat âgé.
L'urine est collectée, tout d'abord, dans le bassinet du rein, puis acheminée à la vessie par les contractions spasmodiques de l'uretère. La vessie peut se distendre considérablement, ce qui permet théoriquement au chat d'uriner de façon espacée dans le temps. L'urine est enfin évacuée par l'urètre, segment long et commun au sperme chez le mâle, court dépendant des voies génitales chez la femelle. En raison de son alimentation camée, très riche en protéines et en certains minéraux, le chat développe souvent des dépôts cristallins dans l'urine. Chez le mâle, ces cristaux s'évacuent difficilement en raison du rétrécissement terminal de l'urètre pénien, et l'impossibilité d'uriner (anurie) qui peut en découler risque d'entraîner une insuffisance rénale aiguë.
1 – chez le mâle
Les spermatozoïdes et le
fluide testiculaire qu'ils sécrètent sont collectés et stockés dans l'épididyme,
long tube contourné accolé au testicule, puis expulsés par contraction dans
le canal déférent lors de l'accouplement. Le canal déférent conduit le
sperme jusque dans le bassin, au niveau du col vésical, où se trouve la
prostate, glande bilobée dont la sécrétion dilue le fluide testiculaire et
augmente donc le volume de l'éjacular lors du coït. L'urètre comprend deux
parties, l'une courte - dite membranacée - dans le bassin et l'autre, un peu
plus longue - dite spongieuse -, dans le pénis. Le pénis est formé d'un corps
caverneux et d'un gland, à l'extrémité duquel s'abouche l'urètre. Le gland
est hérissé de papilles cornées qui bloquent le pénis dans le vagin de la
femelle lors de l'accouplement. Au repos, le pénis est replié vers l'arrière,
faisant faire un coude à l'urètre.
2 – chez la femelle
Elle
possède deux ovaires en forme d'amande, situés à proximité des reins. Pubère
un peu plus précocement que le mâle ( 8 mois), la chatte a normalement
plusieurs cycles sexuels par an toute sa vie (pas de ménopause); mais certaines
chattes sont en oestrus quasi permanent et d'autres n'ont qu'un cycle par an.
L'oestrus dure en moyenne une dizaine de jours.
Quelques
heures après l'accouplement, les ovaires libèrent environ dix ovules qui
tombent dans l'infundibulum de la trompe utérine, gagnent la trompe utérine où
ils sont fécondés, puis l'utérus. Ce sont les stimulations vaginales du coït,
nerveuses puis humorales, qui déclenchent l'ovulation en l'absence
d'accouplement, celle-ci n'a jamais lieu. L'utérus de la chatte est constitué
de deux longues cornes et d'un corps très court. Lors de la gestation, la
taille des cornes utérines se trouve quintuplée; celles-ci occupent alors la
majeure partie de la cavité abdominale, repoussant les intestins vers l'avant.
Après les deux mois de gestation, elles retrouvent très vite leur position
initiale. L'utérus se termine par un col utérin qui assure la jonction avec le
vagin et son vestibule.